Oremus et pro perfidis Judaeis
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L’expression latine Oremus et pro perfidis Judaeis était l’exorde d’une oraison prononcée dans la liturgie catholique lors de la prière du Vendredi saint. Introduite au VIIe siècle, elle signifiait originellement « Prions aussi pour les Juifs incroyants »[2] ou « Prions aussi pour les Juifs infidèles », au sens où ces derniers n'adhéraient pas à la foi chrétienne[N 1],[N 2]. Cependant, avec l’évolution de la liturgie et les traductions dans les langues communes, notamment le français (« Prions aussi pour les Juifs perfides afin que Dieu Notre Seigneur enlève le voile qui couvre leurs cœurs et qu’eux aussi reconnaissent Jésus, le Christ, Notre-Seigneur »), l’expression a rapidement changé de sens. Elle est devenue très vite, dans un contexte d’antijudaïsme, synonyme de la « déloyauté » et de la « fourberie »[3] attachées à la « perfidie juive », et par là même une attaque antisémite.
Cette terminologie a suscité des controverses depuis le début du XIXe siècle aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Église catholique. Les discussions officielles au sein de la hiérarchie catholique commencèrent dans les années 1920. En 1959, le pape Jean XXIII supprime les termes contestés (perfidis ainsi que perfidiam[4], qui figuraient dans l’oraison)[5].
L'historien Jules Isaac dénonce ce qu'il appelle « l'Enseignement du mépris », à travers des siècles de catéchèse qui ont persuadé les chrétiens de la perfidie juive et de son caractère satanique, soulignant le lien entre les pratiques de l'antisémitisme chrétien et le système hitlérien. Il évoque notamment les « préjugés antijuifs, les sentiments de méfiance, de mépris, d'hostilité et de haine à l'égard des Juifs, qu'ils soient de religion israélite ou simplement de famille juive »[6].
Après le concile Vatican II, ces termes ne réapparaissent pas. De plus, les allusions à la conversion des juifs sont supprimées. Depuis le missel de Paul VI, promulgué en 1970, la formulation souligne l’élection d’Israël en tant que peuple de Dieu et ne lui demande plus de reconnaître le Christ, acceptant ainsi le judaïsme.
Le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI (2007) a repris la demande de conversion des Juifs au christianisme, initiative qui a soulevé des inquiétudes chez les Juifs ainsi que dans le milieu du dialogue judéo-chrétien.
Par le motu proprio Traditionis custodes (2021), le pape François a abrogé Summorum Pontificum.