Utilisateur:Tonval/Brouillon 5
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Mary Shelley sous-titre son roman « Le Prométhée moderne » (Frankenstein or The Modern Prometheus). Comme celui-ci narre la fabrication (proche de l'idée de « création » ), d'une sorte d'être humain, se référer au héros mythologique pour qualifier l'oeuvre, c'est lui conférer et conférer à cette « fabrication », la dimension prométhéenne de défi aux dieux, la situer au cœur même de Frankenstein. Mais, pour l'auteure, ce Prométhée est « moderne », ce qui révèle son deuxième projet qui est d'adapter le vieux mythe doublement : par rapport aux savoirs techniques et scientifiques de son époque; par rapport au récit qui domine son temps, le récit chrétien. Le défi aux dieux du héros mythologique devient ici - ironiquement -, défi au Dieu créateur. Même si la création au sens chrétien n'est pas fabrication mais s'opère ex nihilo.
C'est par ironie en effet que le sous-titre fait écho à l'appel du philosophe matérialiste français, La Mettrie (1709-1751), aspirant, en 1747, dans son Homme machine, à l'azvènement d'un « Prométhée nouveau » qui mettrait en marche une machine humaine reconstituée[1]. Mary Shelley n'invente donc pas l'expression, utilisée dès le début du XVIIIe siècle et, plus près d'elle, en sa fin, par Emmanuel Kant[2]. De plus, dans la mesure où La Mettrie faisait partie d'une mouvance de philosophes mécanistes, voire de techniciens s'évertuant à créer un homme artificiel, voilà qui, dès le départ, semble mettre l'accent sur la fabrication (pendant de la « création »), et la plus grande modernité[1].
Frankenstein, cela dit, va bien au-delà du substrat technique ; il emprunte aux mythes et présente, entre autres, des aspects métaphysiques, esthétiques et éthiques[3].